Commandes publiques & oeuvres Monumentales

Hommage aux Justes, Aire de repos, la Seyne-sur-Mer


Hommage aux Justes – Commande de la Ville de la Seyne-sur-Mer 2011

J’ai voulu dans ce projet traiter de l’individu au travers de la multitude, pour rendre hommage à ceux, à celle ou à celui qui, de part son courage et sa conviction d’être humain, au péril de sa propre vie, a su préserver par ses actes, l’existence de l’autre.

Chaque être porte au travers de la multitude, la réalité de sa propre souffrance et de celle des autres, mais il affirme aussi la réalité de ses propres espoirs.

J’ai décidé, pour cette réalisation en hommage au Justes, et ce, en toute humilité, d’écrire un texte, fondateur à ma recherche et bien que sachant  cela  impossible, j’ai « imaginé » la pensée d’un déporté, lors de l’arrachement vers « l’ailleurs », sachant que l’un ou plusieurs des siens, femme, enfant, père, mère, sœur, frère, ami, sauvés par l’acte de ceux, que l’on nommera « Les Justes ».

Ce texte s’adresse à  nos mémoires, à nos différences, à nos colères, puis enfin, à nos apaisements et à l’ultime nécessité de nous comprendre si nous voulons un jour, en complémentarité, vivre en paix.

 

Il y a si peu de chose pour nous retenir…

Il y avait cette image de vous, si désespérée, si dépourvue d’animosité et de haine, que j’ai compris en cet instant, la portée de votre tendresse, aussi vaste que votre incompréhension face à l’absurdité.

Oui, le monde est absurde, il pèse sur nous du plus loin de son inaccessibilité, et nous prouve, si besoin en était, la portée de nos inaptitudes. Il nous confronte en permanence à nos propres fureurs,
si infimes soient-elles.

Nos balbutiements à apprendre notre cohérence, ou plus exactement à nous comprendre nous-mêmes, nous entraînent dans des convictions souvent destructrices, si rarement merveilleuses… il en faut simplement  si peu, pour que notre esquif se retourne et chavire.

Il y a si peu de chose pour nous retenir… quelles ignorances nous ont poussés vers de si inexcusables barbaries… quelles anomalies nous ont chassés aux lisières de l’indicible ?

Il y a si peu de chose pour nous retenir… si ce n’est, en cet instant, la sincérité de votre regard, cette conviction infinie, inaliénable,  établie si intensément au fond de vous, qu’aucune force ne pourrait l’ébranler.

Il y a si peu de chose pour nous retenir… si ce n’est, l’évidente réalité de votre amour… Il y a dans cet instant, où vous me regardez, un tel apaisement, que, alors… le monde peut encore espérer et prendre patience…


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